La Passe-Miroir [1] : Les Fiancés de l'Hiver

Titre : Les Fiancés de l'Hiver (La Passe Miroir)

Auteur : Christelle Dabos

Année de création : 2012

Genre : Fantastique, jeunesse

Maison d'édition française : Gallimard Jeunesse

Date de publication : 2013

Résumé :
Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l'arche d'Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d'un complot mortel.

Mon avis :

Et voici mon premier coup de cœur de cette année 2014 ! Je l'ai lu il y a une semaine et j'en suis à peine sortie, mes lectures en cours me paraissent bien fades à côté de ce bijou... 

Déjà, ce qui m'a attirée de suite et ne m'a laissé aucun doute sur le fait que ce livre allait me plaire : cette sublime couverture de Château volant, la Citacielle magnifiquement représentée ! J'ai toujours aimé ce genre de scène, et j'aime encore plus les Châteaux Volants depuis que j'ai vu Le Château dans le Ciel ! J'étais aux anges "oooh c'est comme Laputa !". Curieuse donc, je me suis précipitée sur le résumé qui m'a encore plus convaincue !
L'histoire réunit deux mondes - ou disons deux parties du monde, deux familles - complètement opposées. D'une part, on a les Anima, une famille soudée qui s’entraide et vit de ses dons : dons pour le papier, don de lire le passé des objets... Ce dernier est celui de notre héroïne, qui possède en plus la capacité de traverser les miroirs, du moment que ceux-ci ne soient pas fort éloignés et qu'elle connaisse leur emplacement. Et de l'autre côté, nous avons les habitants du Pôle, divisé en trois clans. On va dans ce livre s'intéresser plus particulièrement au clan des Dragons, puisque notre héroïne va se retrouver fiancé à l'un d'entre eux, le taciturne Thorn. Et encore, le mot est faible !

L'auteur a su se construire son propre univers en mêlant originalité, complexité et fluidité. Elle prend bien le temps de poser les bases de son récit, et si celui-ci peut paraître long à se mettre en place, j'ai au contraire préféré avoir cette longueur pour mieux m'imprégner de ce nouvel univers et ainsi mieux ressentir les émotions des personnages. Certes, Ophélie va mettre du temps à rejoindre le Pôle, elle va d'abord nous révéler ce qu'elle a apprit sur cette contrée inconnue à travers les carnets de bord de ces ancêtres, puis on va vivre avec elle l'arrivée de son fiancée - arrivée assez fracassante et décevante, puisque ce dernier nous apparaît d'emblée comme un rustre ! - et son départ pour le Pôle. 
L'arrivée dans cette nouvelle partie du monde ne se fait pas sans anicroche bien entendu : dès le départ, Ophélie est assaillie par un froid mordant qui ne va pas s'adoucir ensuite. Avec elle, on va découvrir la magnifique Citacielle, une citée flottante qui recèle de merveilleuses fortifications. Mais là encore, tout n'est que façade, tout est bien plus complexe que ça... Les habitants du Pôle ne sont pas aussi soudés que les Anima, et leur dons semblent plus enclins à orchestrer des conflits politiques...
Cet univers, je l'ai aimé dès les premières lignes : les descriptions de Christelle Dabos nous transportent et nous font vivre à travers son récit. J'ai vraiment aimé découvrir la Citacielle, et j'ai retrouvé cette poésie qui me plaît tant dans les romans ! Une fois, je me sentais comme devant un film des Studios Ghibli et de Miyazaki, une autre fois, j'étais comme en train de lire de la poésie March'Ombre... (Par ailleurs, j'ai déjà cité plus haut Miyazaki en parlant de la couverture qui m'a fait penser à Laputa).

J'en viens au point fort du récit : les personnages ! Encore et toujours les personnages, bien sur ! Je considère qu'un livre est très bien du moment que les personnages sont profonds et bien complexes. Ils provoquent en plus ici des émotions contradictoires ! Je vais d'abord commencer par ce rustre de Thorn : en fait, plus j'y pense, et plus il me fait penser à la "Bête" de Disney. Thorn, il aligne à peine 2 mots au début. Il est grand, maigre et a un visage sévère parsemé de quelques cicatrices. Il fait fi des convenances et agit comme ça l'arrange. Un repas est organisé en son honneur ? Rien à faire, môssieur doit absolument, immédiatement, voir l'ancêtre des Anima, alors même qu'il n'a pas de rendez-vous. Tant pis pour le dîner, faîtes la fête sans l'invité d'honneur ! Et sa fiancée alors ? Et bien c'est à peine s'il la regarde ! Il laisse quelques secondes transparaître sa déception, mais après, plus rien à faire, à part des "vous ne survivrez pas". Imaginez un peu la réaction d'Ophélie ! Ophélie tient un musée au début de l'histoire, et se voit forcée à le quitter pour épouser ce rustre décrit précédemment. Elle qui a jusqu'alors refuser quelques lointains cousins prétendants, elle se voit forcer la main par les anciennes qui veulent la bannir si elle refuse. La pauvre. Ophélie n'est pas l'héroïne parfaite : elle est très maladroite, elle s'habille de manière confortable et non avec un sens de la mode aiguisé, et elle se balade avec une écharpe Golem. Sans oublier qu'elle n'affiche jamais ses sentiments, préférant jubiler ou angoisser à l'intérieur d'elle-même. Nul doute que beaucoup s'identifieront à elle, moi la première (qui plus est, je suis extrêmement maladroite, je me suis bien reconnue en elle lorsqu'elle trébuche sur trois fois rien). Dans ce sens, ces deux là sont fait pour s'entendre puisqu'ils veulent tout deux ne pas se mêler des affaires de l'autre. Mais ça, c'est sans compter l'évolution des personnages ! Là encore, l'auteure frappe fort et juste : si je déteste les personnages qui ont un gros changement de personnalité, là on n'a rien de tout ça. Mais on a bien une évolution ! On va voir Thorn sous un autre œil, outre celui d'Ophélie. Il ne va pas aller jusqu'à s'ouvrir, non, ce serait trop facile. Mais il va essayer d'aller au delà de sa personne et de prendre un peu (j'ai bien dit un peu) les autres en considération, à commencer par sa fiancée qui est un peu dans la même galère que lui. 
Je ne vous en dit pas plus sur ces deux là, je pense déjà être allée un peu loin dans mes explications, j'ai peur de spoiler si je continue ^^"
Mais vous savez, il n'y a pas que ces deux personnages là. D'autres personnages vont venir se greffer à eux, vont venir agrémenter le récit. Les tantes de nos protagonistes, par exemple. Si j'ai détesté la tante de Thorn, j'ai beaucoup aimé celle d'Ophélie, qui s'est révélée d'un grand soutien mais ajoute aussi une bonne dose d'humour, surtout quand elle rentre en mode chaperon. Après, il y a la grand-mère de Thorn, Archibald l'ambassadeur mystérieux, Renard le valet impétueux, le Chevalier gamin arrogant, ... Tout un panel de personnages hauts en couleur !


Les longues descriptions, très riches, transforment ce récit complexe en quelque chose de simple à comprendre. Pas une seule fois je ne me suis ennuyée. Quant à l'aspect prévisible du roman... Rien à redire, je me suis laissée avoir plus d'une fois et de nombreux mystères restent irrésolus ! Du moins jusqu'au prochain tome. Et là, je sais d'emblée que ça va être dure d'attendre !

Ce livre a en fait été sélectionné parmi tout un tas d'autres livres jeunesse lors du concours du premier roman jeunesse organisé par Gallimard.. Quand je l'ai lu, j'ai compris pourquoi il a été nommé vainqueur.

En tout cas, c'est à croire que mon écriture est plus prolifique lorsqu'il s'agit de coup de cœur ! Et encore, je me suis abstenue de trop en dire sur l'intrigue ^^"

Rendez-vous sur le site de la Passe-Miroir pour plus d'infos sur cette magnifique saga